mardi 22 décembre 2015

Sucre, Potosi, Uyuni.

Fin de séjour en Bolivie: ajout de photos !

Sucre est une jolie ville, un peu au sud de la Bolivie. C'était l'ancienne capitale du pays jusqu'à la fin du 19eme siècle. On appelle Sucre "la ville blanche", car c'est la ville qui a gardé le plus d'anciens bâtiments de l'époque coloniale,  lesquels étaient de couleur blanche. La ville est vraiment agréable,  le climat est chaud et l'altitude est supportable (2 600 m). C'est un passage quasi obligé pour tous les touristes qui viennent en Bolivie.
Et chose exceptionnelle, ce qui surprend tout de suite lorsqu'on arrive à Sucre, la ville est relativement propre ! Presque pas de déchets sur les trottoirs ni dans les rues, ni dans les champs (j'ai bien dit presque. ..). Et cela se remarque de suite !
Il y a énormément de beaux bâtiments historiques et des dizaines et des dizaines d'églises bien sûr, toutes plus belles les unes que les autres. 
Il y a même un couvent sur lequel on peut monter sur le toit, seuls, sans aucun accompagnement et sans aucune mesure de sécurité, et à partir duquel on a une vue magnifique sur la ville. Notre hostal (pension) est également agréable et calme, bien que située proche du centre ville ! Du coup nous passons 10 jours à Sucre, à flâner en ville et au marché plein de couleurs, à faire les devoirs, laver le linge... 
Avec les garçons,  nous allons visiter un parc sur les dinosaures dont on a retrouvé de multiples traces dans la région.Et puis surtout, nous en profitons pour faire un trek de 2 jours dans les montagnes isolées de la région, habitées par des communautés ethniques Jalq'a. Nous sommes un groupe de 6 (nous 4 + une jeune suisse de 28 ans et un ancien para français de 62 ans) + un guide, Rogelio. 
Nous nous entendons tous très bien et l'ambiance est super bonne pendant les 2 jours. Les garçons sont contents de pouvoir parler à d'autres personnes, et en français !  
Nous faisons 18 km le premier jour et 9 km le deuxième jour soit 27 km au total. Mais les sacs à dos sont lourds car nous devons transporter notre nourriture et surtout beaucoup d'eau !! Les garçons marchent bien et sont souvent devant, à discuter avec les uns et les autres, malgré le dénivelé et la forte chaleur (absence totale d'ombre sur tout le parcours !). A un moment, le sentier est trop dangereux et nous devons prendre un itinéraire bis, plus long. Une petite fille que l'on rencontre au milieu de nulle part, réussi à vendre 2 jolis bracelets aux garçons ! Difficile de lui résister... Nous picniquons le midi au bord d'une cascade, les paysages sont très beaux. 
Le soir, nous arrivons dans le village de la communauté Jalq'a, situé dans un immense cratère de volcan. Cette communauté est très connue en Bolivie pour la qualité et surtout la complexité de leurs textiles. Ici les gens sont très pauvres et tous les travaux des champs s'effectuent, certes dans une terre noire très fertile, avec des attelages de boeufs tirant des charrues en bois. 
Il est toujours très délicat de prendre les gens en photos, surtout de face. Certains vous font vite comprendre qu'ils ne souhaitent pas être pris en photo, d'autres vous demandent de l'argent, d'autres ont l'air si pauvres que l'on ose tout simplement pas les prendre... C'est pourquoi la plupart des photos de personnes sont prises par derrière, de dos, ou alors de très loin, grâce à mon zoom x30 !... 
L'agence avec laquelle nous sommes partis pour ce tour, est une ONG qui finance des projets de développement dans ces communautés. Ainsi les gîtes dans lesquels nous dormons, sont gérés par ces populations. Une piste desservant le hameau vient d'être construite récemment. Sinon jusqu'à présent, ces gens ne pouvaient se déplacer et n'étaient accessibles qu'à pied. 
Le lendemain matin, nous avons mal aux jambes, mais heureusement, nous ne marchons que le matin, avant de rentrer à Sucre en bus. Et quel retour ! 40 km de pistes de montagne à longer le ravin. Heureusement, le coin est si paumé qu'il n'y a pratiquement pas de circulation. C'est pour cela que chacun roule au milieu du chemin, pour ne pas longer le ravin de trop près. 
Et c'est à ce moment là que dans un virage, un camion arrivant en face assez vite en plein milieu du chemin nous fonce droit dessus et grâce à un miracle, ou un réflexe des 2 chauffeurs, c'est comme on veut, il s'en faut de quelques cm seulement pour que le camion ne nous pousse pas dans le ravin. Même notre guide bolivien qui mâchait sa coca nous a avoué qu'il avait eu très peur,  c'est pour dire ! Quant à moi, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur: durant 1 seconde, je me suis tous vu morts à dévaler le ravin en faisant des dizaines et des dizaines de tonneaux. Sentiment unique et très étrange et difficilement racontable... Heureusement, notre heure n'était pas encore arrivée... Quant aux autres, ils faisaient la sieste et n'ont donc rien vu. Pas de psychose donc, heureusement car nous devons encore prendre quelques bus boliviens dans les prochains jours avant de rejoindre le Chili !
Après 10 jours bien agréables à Sucre, nous reprenons le chemin vers le sud ouest de la Bolivie, pour Potosi. Nos petites aventures en bus nous ont quand même un peu marqués. Aussi comme Potosi n'est qu'à 2 heures de route de Sucre (en voiture) contre 4h30 en bus, nous optons pour le taxi. A 4, cela ne revient pas si cher et c'est surtout beaucoup plus sûr ! Potosi est très célèbre pour sa mine d'argent, exploitée depuis 450 ans. Les espagnols ont bâti leur richesse grâce à Potosi. Il y a 400 ans, Potosi était la ville la plus riche du monde et aussi la plus peuplée (plus peuplée que Paris ou Londres !). On y fabriquait toute la monnaie circulant dans tout l'empire espagnol et même dans les autres pays européens. Je vous passe les détails des expéditions pour emmener tout cet argent d'une mine du fin fond de la Bolivie jusqu'en Europe... Mais tout n'arrivait pas à destination, et finissait parfois au fond des galions espagnols dans la mer des Caraïbes attaqués par les pirates... C'est toute cette histoire que nous avons pu découvrir en visitant la Casa de la Moneda, ancienne énorme fabrique de pièces d'argent créée par les Espagnols, au centre de la ville.
Ensuite, se pose ici à tous les touristes LA question existentielle: faut il aller visiter la mine, qui est toujours en activité ? Au moins pour nous, c'est très simple: nous avions la réponse avant même de nous poser la question! Avec des enfants et Susan claustrophobe, la visite des entrailles de la mine au milieu des ouvriers qui y travaillent étaient tout simplement inimaginable. Et c'est tant mieux car c'est assez dangereux. D'autres nous ont raconté leur expérience, très intéressante mais aussi très éprouvante.  La visite dure environ 4 heures, on descend dans des galeries à 100 m sous terre, à l'aide de vieilles échelles, dans des conduits étroits, avec une simple lampe sur le casque, il fait 40 degrés, on entend les bruits de détonation de dynamite dans les galeries voisines, sans parler de la poussière et des gaz... Bref nous n'avons pas regretté d'être restés à l'extérieur. Car si nous ne voulions pas entrer dans la mine, nous sommes tout de même allés aux abords de la mine pour nous rendre compte des conditions de vie des mineurs qui vivent dans des baraquements autour, du matériel utilisé... Il faut dire que nous ne sommes pas restés longtemps car l'ambiance était vraiment glauque et on ne se sentait pas vraiment les bienvenus par tous ces regards d'ouvriers quittant la mine et qui nous dévisageaient étrangement. 2 mineurs viennent vers nous et nous demandent si nous n'avons rien à leur offrir. Heureusement, j'ai un sac de coca que je viens d'acheter (pour nous aider à supporter l'altitude !) et leur donne aussitôt. Ils ont l'air satisfaits et nous laissent tranquilles. Il faut savoir que la coutume lorsqu'on visite la mine, est d'offrir des cadeaux aux mineurs: des fournitures scolaires pour leurs enfants, des bâtons de dynamite (qu'on peut acheter librement au marché des mineurs !), un sac de feuilles de coca.... En effet, pour supporter la mine jusqu'à l'âge de 40 ans (espérance de vie des mineurs à Potosi....), les mineurs mâchent d'énormes quantités de coca et boivent beaucoup d'alcool sinon ils ne pourraient pas travailler dans ces conditions vraiment dignes de Germinal encore aujourd'hui ! Et ils font beaucoup de prières et d'offrandes au TIO, le Dieu de la mine, dont une statue trône à chaque entrée de la mine. 
Aujourd'hui, après 450 ans d'exploitation, des millions de morts (esclaves Incas notamment), il n'y a plus d'argent à extraire,  tout juste un peu de fer. Mais des milliers de mineurs y travaillent encore, dont 800 enfants ! En Bolivie le travail des enfants est légal à partir de 10 ans... Et faute de s'être diversifiée, Potosi est aujourd'hui  l'une des villes les plus pauvres de Bolivie... Triste destin.
Même si nous n'avons pas visité l'intérieur de la mine, cette histoire de la ville de Potosi nous a aussi marqué parce que la veille de venir ici, nous avons regardé en DVD un célèbre documentaire sur l'histoire d'un gamin de 14 ans qui travaille à la mine et où l'on découvre les conditions de vie des mineurs. De quoi motiver nos enfants à bien travailler à l'école !!
Après Potosi, cap vers la dernière étape de notre séjour en Bolivie: la ville d'Uyuni et son célèbre Salar (lac salé ) et la région du sud Lipez. Cette fois nous prenons le bus pour y aller car c'est un peu loin, la route est toute neuve et finies les montagnes ! Donc à priori, peu de risques ! En effet, Uyuni est une petite ville perdue au milieu d'un désert. Seule la route principale de la ville est goudronnée, les autres sont en sable, il fait très chaud, le vent souffle de la poussière... on se croirait dans un western ! Les chevaux sont remplacés par d'innombrables 4x4 Toyota Cruisers de 8 places, et les saloons par une cinquantaine d'agences Tours Operators offrant toutes exactement le même circuit : 3 jours et 2 nuits dans le Salar en 4x4 par groupe de 6 ou 7. Heureusement nous avons rencontré un couple de jeunes danois de 20 ans à Potosi qui comme nous cherchait à faire le même tour et donc nous pouvons ainsi faire une voiture complète (moins cher pour tout le monde). Nous voilà donc partis pour 3 jours tous les 6 dans notre Land Cruiser, accompagné de notre chauffeur/guide/cuisinier, José Luis. Nous commençons par aller visiter un cimetière de vieux trains français et allemands arrivés en Bolivie en 1825 pour transporter du minerai et abandonnés dans le désert depuis 1970. Puis nous allons sur le fameux Salar,  immense désert blanc de plus de 10 000 km2 (2 départements français), a priori aussi plus grande surface entièrement plane du monde (aucun relief). C'est vraiment impressionnant ce blanc à perte de vue (lunettes de soleil indispensables), cette chaleur et cet effet de mirage lorsqu'on regarde l'horizon. Beaucoup au début se sont aventurés ici, se sont perdus car aucun repère et sont tombés en panne d'essence ou autre et sont morts de soif. Aujourd'hui, avec les GPS et surtout avec les traces des centaines de 4x4 qui se suivent et empruntent les mêmes chemins chaque jour, impossible de se perdre.... Nous mangeons au milieu du Salar, assis sur le sel, notre voiture étant l'unique point de couleur sur cet océan blanc. C'est le lieu idéal semble t-il pour Maxime pour perdre une dent (enfin disons plutôt pour sa dentiste attitrée de lui arracher !)... Mais encore une fois, même ici, le lama ou la vigogne finit toujours par passer la nuit pour donner quelques pesos ! 
Autre particularité du Salar, de la réverbération du soleil, de l'effet mirage... ce sont les photos trompe l'oeil que nous font faire les guides. Et on peut y passer des heures à faire tous les réglages ! Mais au final on s'amuse bien et ça rend pas mal (cf. photo où on saute tous en l'air...). Sur le Salar, il y a également une île célèbre car pleine de cactus géants magnifiques. Personne ne sait vraiment comment ils ont pu pousser ici et nulle part ailleurs aux alentours. Nous dormons le premier soir dans une espèce de cabane faite en briques de sel et le sol en sel mou, au milieu du désert. C'est très rustique: pas de douche, une prise de courant avec une multiprise où tout le monde se rue pour recharger ses téléphones et autres appareils photos..., mais le coucher de soleil est magnifique. Nous repartons le lendemain matin vers 7h00 et passons la journée dans un univers entièrement minéral, à traverser des déserts de sable, à longer des volcans de plus de 6000 m, à croiser des vigognes (les vigognes sont sauvages et vivent au dessus de 3500 m d'altitude,  tandis que les lamas sont domestiqués et vivent en dessous de 3500 m ), et surtout à admirer les lagunas (lacs d'altitude) colorées de bleu, rouge ou vert et peuplées de superbes flamands roses. C'est la Bolivie dans toute sa splendeur et les vrais paysages de l'Altiplano tels qu'on rêvait de les voir. 
Malheureusement, on n'est jamais vraiment seuls pour admirer ces beaux spectacles puisque suivis par des dizaines d'autres 4x4 de touristes, dont moitié de français...!


Nous dormons le soir dans des baraques encore plus rustiques, au milieu de rien, dans un environnement encore plus désertique que la veille. Il n'y a de l'électricité (solaire) que de 19h à 21h, pas de douche encore ce soir et 2 WC pour 35 personnes... Mais on mange bien et on a droit à une bouteille de vin bolivien ce soir ! Pour nous aider à dormir vite... car le lendemain, tout le monde se lève à 4h00 du matin et part à 4h30. Nous devons en effet être avant 6h00 au parc des geysers pour y assister au lever du soleil. Il y a des bains bouillonnants comme des marmites, beaucoup de vapeur et ça sent terriblement le souffre. Et aucune précaution autour des énormes marmites bouillonnantes et très dangereuses, chacun est libre d'aller où il veut comme il veut (on verra que ce n'est pas du tout la même chose au Chili !). En tout cas très beau spectacle à 5h30 du matin et à 5 000 m d'altitude. Puis nous descendons vers un espèce de lac où a été aménagé un bassin d'eau chaude alimentée directement par le magma volcanique. C'est alors que nous profitons de ce moment rare, à nous baigner dans ces termes uniques, à 6h00 du matin, à 4800 m d'altitude, dans une eau à 40 degrés, et 0 degré à l'extérieur, à admirer le soleil qui n'en finit pas de se lever sur le lac entouré de volcans ! Seul bémol, si le moment est rare, le touriste lui encore une fois n'est pas rare... et nous sommes une bonne trentaine dans la baignoire à nous battre pour se faire une place... Après ce petit bain matinal, nous partons pour la laguna Verde, le lac vert, ultime étape de notre périple, au pied du volcan Licancabur (5 996 m). Puis nous rejoignons le poste frontière perdu vraiment au milieu de nulle part, en plein désert à près de 5 000 m d'altitude, avec 2 cahutes en terre, un drapeau, une barriere rouillée, des ordures cachées derrière les dunes de sable... C'est là qu'un petit bus chilien nous attend pour nous descendre à San Pedro de Atacama. Bienvenue au Chili ! Hasta luego Bolivia !

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