mercredi 9 mars 2016

Patagonie et Terre de Feu

Patagonie
Encore un des grands et meilleurs moments de notre voyage en Amérique du Sud, l'arrivée dans la mythique Patagonie (partie chilienne) et l'extrême sud du continent, la Terre de Feu.



Le temps passant désormais très vite (plus que 3 semaines avant le retour en France le 31 mars...), nos jours sont comptés,  c'est pourquoi je vais essayer de faire court côté texte et illustrer plutôt notre séjour dans cette superbe région nature et sauvage par un maximum de photos.
L'aventure commence déjà par le moyen de locomotion choisi pour nous rendre en Patagonie. 


Nous avons en effet pris un bateau à Puerto Montt près de l'île de Chiloé, pour rejoindre 3 jours et 3 nuits plus tard, le petit port de Puerto Natales, 2 000 km plus au sud. Très peu de gens arrivent aujourd'hui en Patagonie par bateau (un seul par semaine), la plupart venant en avion ou par voie terrestre, via l'Argentine. Mais franchement, quand on a du temps... et pas trop le mal de mer..., cela vaut vraiment le coup, c'est une super expérience. On longe en effet la côte Ouest du Chili et on zigzague à travers de magnifiques fjords pendant 2000 km. 





Au programme: montagnes aux sommets enneigés,  glaciers, phoques, dauphins, condors,  cormorans, baleines (malheureusemznt nous ne verrons que les jets d'eau de leur respiration), méga fermes industrielles de saumons nourris aux hormones et antibiotiques (notre bateau transporte plus de 1000 tonnes de granulés pour ces saumons !)..., plus tout ce qu'implique la vie sur un bateau pendant 3 jours et 3 nuits: parties de tarot, de baby foot, réunions d'informations du guide touristique, lecture, cinéma, discussions avec les autres passagers, et surtout beaucoup de temps passé sur le pont à admirer le paysage et à chercher les baleines !
Mais la vie sur le bateau dans cette région du monde, c'est aussi beaucoup de pluie (il pleut jusqu'à 7 m d'eau par an !) et de vent. Nous avons expérimenté des rafales de vent comme jamais auparavant. Sur le pont il fallait impérativement tenir Maxime sans quoi il s'envolait, littéralement ! Et qui dit vent, dit grosses vagues... La plupart du voyage se déroule entre les fjords, et donc sur un océan calme puisqu'à l'abri. Mais à un moment, le bateau doit quitter les fjords car les passages sont trop étroits et naviguer pendant 12 heures en pleine mer. Pour nous ce fût durant toute une nuit... 




Et cette nuit là particulièrement, la houle était très très forte. Personne n'a dormi de la nuit ! Certains complètement angoissés comme moi, à se refaire en permanence le scénario du Titanic en se disant que là où on est, on ne serait pas prêt de venir nous chercher..., d'autres, dont je tairai le nom, à vomir toute la nuit dans les toilettes... Seul Maxime a bien dormi, bercé par les vagues ! Au petit déjeuner le matin, toujours en pleine mer, beaucoup manque à l'appel. 




Ceux qui sont là ont les yeux tirés. Mais ce n'est pas fini, les chaises et les assiettes tombent par terre, les gens aussi ! Mais il faut bien se remplir l'estomac, sinon c'est encore pire. Bref, cela n'aura duré "que" 12 heures, mais on s'en souviendra et au moins on sait qu'on est pas fait pour vivre sur la mer ! Tous les passagers du bateau (une centaine) sont étrangers, dont un bon tiers de français. L'un d'entre eux nous raconte même avoir vu sur Thalassa en septembre, un reportage sur notre traversée à bord du même bateau EDEN (qui est un ancien bateau corse de la SNCM !).
Après cette belle traversée, nous arrivons à la tombée de la nuit du 3ème jour dans la petite ville de Puerto Natales. 



Puerto Natales est un carrefour en Patagonie, pour accéder d'abord au mythique parc national Torres del Paine, La Mecque des randonneurs en Amérique du Sud, l'équivalent de notre GR 20, et aussi pour rejoindre la partie argentine de la Patagonie avec ses incontournables glaciers Perito Moreno et Mont Fitz Roy que nous voulons voir aussi. Nous passons donc quelques jours à Puerto Natales, le temps de préparer toutes ces excursions qui nécessitent de réserver longtemps à l'avance, notamment les refuges dans le parc Torres del Paine. Nous découvrons également que la Patagonie à été peuplée quasi exclusivement de migrants européens voilà plus d'un siècle seulement et dont la très grande majorité venait de Croatie.
Après Puerto Natales, nous prenons un bus pendant 3 heures pour rejoindre la plus grande ville de la Patagonie chilienne, Punta Arenas. C'est vraiment là que nous commençons à découvrir les immenses étendues de la région, assez plates, faites de steppes et de pampa, et peuplées de milliers de moutons, de chevaux, de bovins viande (Hereford), d'espèces d'autruches, d'oies sauvages, de guanacos (famille des lamas), de renards, de fermes isolées et d'arbustes complètement courbés par le vent qui souffle très très fort dans ce coin du globe. Aucunes cultures ici et foin enrubanné uniquement (c'est la saison). A part ça, on y croise pas grand monde !
Punta Arenas est une ville d'environ 300 000 habitants située au bord du fameux détroit de Magellan. Nous y louons un 4x4 pendant une semaine pour aller en Terre de Feu (on est obligé d'y aller, vu que c'est le nom du blog :-) ). Mais avant cela, nous visitons un musée sur l'histoire de la région qui nous explique l'extermination des indiens notamment par les colons éleveurs de moutons (chaque indien abattu était récompensé d'une prime...), la ruée vers l'or, l'arrivée des premiers migrants et les conditions de vie extrêmes dans cette région quand même très inhospitalière de par la rudesse de son climat...., la conquête vers l'Antarctique... Mais surtout, nous en profitons pour faire une excursion d'1/2 journée sur l'île Magdalena où l'on peut déambuler autour d'environ 150 000 pingouins/manchots. Et autant de mouettes. C'est vraiment incroyable de pouvoir les approcher à moins de 2 m. Belle balade.


Cimetière de Punta Arenas
Mais le must de notre séjour dans le coin restera notre excursion d'une journée complète (de 4h00 du matin à 20h00 le soir) dans un parc national marin du détroit de Magellan pour aller admirer les baleines à bosses. 


Ce jour là , le temps était EXCEPTIONNEL, le guide n'avait jamais vu un temps pareil, aucun vent, ciel bleu sans nuages, grand soleil et nombreuses baleines à proximité.  Et la météo est essentielle car par beau temps, on peut monter sur le pont du bateau et observer les animaux dans les meilleures conditions ainsi que les paysages magnifiques de fjords, montagnes et glaciers impressionnants qui tombent dans l'océan (non non, on est toujours pas lassé, c'est trop beau ! !). 



C'est beaucoup mieux d'être assis dehors sur le pont au soleil que derrière un hublot sous la pluie et le brouillard... Après quand même 5 heures de bateau dans le détroit, nous apercevons nos premières baleines. Tout le monde guette les premiers geysers de leur respiration et le premier qui les aperçoit hurle "Whale" (Baleine !) à 3h00 ! Et alors tout le monde se tourne d'un quart et commencent les mitraillettes de photos ! Mais on en veut encore plus, on veut voir la queue, pas que le dos. C'est beaucoup plus rare, il faut se tenir prêt. Et là encore, ça crie "Tale" (Queue), et rebelote pour les photos. 




Les enfants sont dingues et ne savent plus où donner de la tête à chercher où va réapparaître le prochain jet de respiration, pour être prêt à zoomer très vite avec l'appareil photo du téléphone pour Maxime, la tablette pour Victor et l'appareil classique pour moi. On ne veut rien perdre de ces moments rares et magiques ! Hormis les baleines, on ne compte plus les phoques, lions de mer, pingouins, canards marcheurs (ils marchent sur l'eau, ils n'ont pas d'ailes pour voler) et autres oiseaux croisés sur notre route. Cela en devient banal ! On aperçoit aussi un couple de condors. Bref, le paradis dans ce coin de mer où on est encore une fois seuls au monde car protégé en tant que parc national et aucun autre bateau que le nôtre n'y  circule, et seulement 2 fois par mois en été, c'est tout. 



On revient complètement crevés mais des images plein la tête et de bons coups de soleil sur le nez. Assurément, avec le Macchu Picchu au Pérou et le Salar d'Uyuni en Bolivie, cela restera l'un des meilleurs moments de notre voyage.
La Terre de Feu / Tierra del Fuego

L'idée de départ, surtout pour moi français, baigné pendant toutes ces années par l'émission de Nicolas Hulot, était de rejoindre la mythique ville d'Ushuaia, capitale de la Terre de Feu, côté argentin. 


Pour les milliers de français qui y débarquent tous les ans (de loin les plus nombreux, grâce au marketing de Nicolas Hulot), Ushuaia est la ville la plus extrême du monde. Mais lorsqu'on arrive ici, on s'aperçoit que ce n'est pas vrai. La ville la plus extrême se trouve au Chili, juste en dessous d'Ushuaia et s'appelle Puerto Williams. Certes, c'est moins vendeur comme titre pour une émission de télé ! Malheureusement,  on ne peut y accéder qu'en bateau car elle se trouve sur une île.


Guanaco, grand cousin du lama
Aussi, à moins de rejoindre Ushuaia en avion (mais pas prévu pour raisons de temps et de budget) et au vu des énormes distances (800 km depuis Punta Arenas) et de l'état des routes (la plupart ne sont pas goudronnées en Terre de Feu), il a donc fallu faire le choix, douloureux pour moi, de ne rester qu'en Terre de Feu chilienne. Mais au final, c'est sans trop de regrets, car au gré des rencontres, les voyageurs nous disent que la ville n'est vraiment pas belle, est très chère car très touristique et que malgré un bel environnement, lorsqu'on manque de temps, cela ne vaut pas tant le déplacement et que la partie chilienne vaut tout autant la peine. Donc me voilà rassuré...
Manchots rois
Et c'est vrai que nous avons vraiment apprécié notre semaine en Terre de Feu chilienne. Lorsqu'on débarque en ferry à Porvenir, la capitale de l'île (5000 habitants), on se doit de préparer minutieusement son séjour avant de partir à l'aventure. Car une fois que l'on quitte la ville, finie les routes goudronnées, place aux chemins gravillonnés sur des centaines de km et aux milliers d'hectares de pampa. 







La première station essence (en fait un poste d'essence dans une scierie au milieu de nulle part) est à 250 km ! Là où nous allons, il n'y a aucun magasin, aucun réseau téléphonique, même pas de lignes fixes, encore moins d'internet bien sûr. La région où nous allons au sud de l'île (la Terre de Feu est une île dont la partie chilienne fait 25 000 km2) compte 450 habitants sur 11 000 km2 (soit l'équivalent de 2 départements français) ! A part des fermes isolées,  il n'y a aucun village, absolument rien, aucune infrastructure, c'est la nature sauvage par excellence. C'est très excitant et à la fois très stressant. Aurons nous assez d'essence ? Avons nous fait suffisamment de courses ? Quoi faire en cas de problème,  qui prévenir et comment ... ? 


Notre cabaña et notre 4x4 Renault Duster
Nous avons réservé un gîte au bord d'un lac, par mail via le fils qui habite en ville. Mais les parents qui vivent sur place et n'ont pas le téléphone ne sont même pas au courant de notre venue. Heureusement à  notre arrivée la nuit à 22h00, le gîte est libre, mais d'autres personnes sont entrain d'y manger et les chambres ne sont pas prêtes... Il faut vite aussi allumer le poêle et la cuisinière, comme dans le temps, car aucun autre chauffage que le bois ni appareil électrique ou à gaz pour cuisiner. Une première donc pour Susan (bon mais c'est moi qui me lèverai une heure avant les autres tous les matins pour allumer les feux pour qu'elle ait son thé chaud au petit-dej !).
Nos hôtes: Fernando, Odette et Diego
On se dépêche aussi de s'installer car il n'y a de l'électricité solaire que de 20h à minuit.... Et donc on met nos courses dehors, bien plus au frais que dans un frigo qui ne fonctionne que 4 heures par jour. Mais il nous faudra les mettre dans une glacière car ici les renards pullulent et rôdent autour des maisons sans aucune crainte des hommes. On en verra d'ailleurs tous les jours et les garçons les approcheront même à moins de 2 m.
Le lendemain matin, je découvre que l'on a un pneu crevé et mets la roue de secours. Mais là ça devient galère car sans plus de roue de secours dans ces contrées, on ne peut plus prendre le risque d'aller nulle part car aucun moyen d'être dépanné avant plusieurs jours en cas de soucis. Heureusement dans ces zones si isolées,  on s'aperçoit qu'il existe une très grande solidarité entre tous ses habitants. Par exemple, chaque voiture que l'on croise vous salue, si l'on s'arrête au bord de la route pour prendre une photo, la voiture ralentit et vous demande si tout va bien avant de repartir...
Concernant notre roue crevée,  c'est Fernando, le propriétaire de notre gîte qui va nous dépanner.  Il doit aller faire les courses, comme 2 ou 3 fois par mois, à Rio Grande, de l'autre côté de la frontière, en Argentine, où se trouvent les magasins les plus proches, c'est à dire à plus de 100 km, soit 200 km A/R pour aller acheter son pain, remplir ses jerricans d'essence... Et le pire c'est que la loi chilienne lui interdit de rapporter au Chili tous fruits, légumes ou viande fraîche provenant de l'extérieur ! Donc il ne peut ramener que du sec, congelé, ou des boites.    Notre ami Fernando amène donc notre roue crevée dans son pick-up et nous la rapporte le soir à 23h30, réparée en Argentine pour l'équivalent de 10 euros. Ouf !
Barrage construit par les castors !
Nous passons notre journée sans voiture à découvrir les alentours. Les garçons construisent une cabane sur la plage du lac, nous allons à la recherche des millions de castors qui peuplent la région et construisent d'incroyables barrages ! Nous n'en verrons finalement qu'un seul. On découvre aussi des dizaines et des dizaines d'hectares de forêts d'arbres morts, ravagées par les tempêtes de vent... et les castors aussi. Après les moutons, l'île de la Terre de Feu est peuplée de milliers de guanacos (animal ressemblant aux lamas mais en plus grand) qu'on trouve absolument partout, et beaucoup le long des routes. Ils sont protégés et n'ont pas de prédateurs. Au début,  à en voir autant dans la pampa derrière les clôtures, on pensait à des élevages de guanacos. Mais quand on les a vus sauter allègrement par dessus les clôtures comme des antilopes, on a vite compris qu'ils étaient ici en totale liberté !


Nous passerons les journées suivantes à faire de la randonnée (on revoit un condor, c'est toujours aussi magique), à aller voir une réserve de manchots rois (supers beaux et nouvelle mascotte de Maxime) et enfin lors de notre dernier jour, malheureusement sous la pluie, à aller "au bout du chemin". 











Durant près de 3 heures de route direction plein sud, après avoir traversé la montagne et croisé tout au plus 5 voitures dans la journée, nous voulons absolument aller au bout de la route, au point le plus austral du Chili accessible en voiture, là où le chemin s'arrête, au bord d'un fjord et où un panneau mythique vous indique "Fin del camino". 


On a un peu la boule au ventre durant tout le chemin, trop peur de tomber en panne ou de crever de nouveau car à certains endroits le chemin est fait de pierres très tranchantes. 

Fjord Caleta Maria: marque la fin du chemin
Mais la chance est avec nous, il ne nous arrivera rien. Le fjord où se trouve le bout du chemin s'appelle Caleta Maria et il y a une maison, une seule. Comme le monde est parfois petit, alors que nous prenons nos photos du bout du monde, du moins du nôtre à ce moment là, quelqu'un sort de la maison et vient nous voir. Et nous le connaissons ! C'est un jeune tchèque que nous avons rencontré dans une auberge une semaine plus tôt et qui va s'occuper de la maison pendant 3 semaines en l'absence des propriétaires (woofing). On aura donc même l'occasion de finir d'apprécier d'admirer notre bout du monde bien au chaud à l'abri de la pluie, un thé à la main ! Énorme privilège vu l'endroit !
Ceci étant dit, Caleta Maria ne sera bientôt plus le point le plus austral de la Terre de Feu chilienne, car d'ici 5 ans, l'armée devrait avoir terminé de percer la montagne pour continuer la route encore plus loin et se rapprocher encore plus de l'île où se trouve, la ville la plus extrême du monde, Puerto Williams (vous vous en souviendrez maintenant, ça fait 2 fois que je vous le dit !), aujourd'hui uniquement accessible en avion ou après 36h de bateau depuis Punta Arenas.  

Après une dernière nuit passée au gîte sans trop dormir à cause d'une tempête de vent terrible, et franchement ça fait peur, on a l'impression que les fenêtres vont exploser et que notre maison en bois posée sur pilotis va s'envoler, il nous faudra près de 2 jours de route pour rentrer à Punta Arenas. Nous découvrons une autre partie de la Terre de Feu, plus au nord. Après la ruée vers l'or dans le début des années 1900 (les machines en ruine sont laissées abandonnées dans les champs et sont maintenant des monuments nationaux), place désormais aux champs de pétrole et de gaz.
Bon ben j'avais dit que je ferai court, c'est encore raté pour cette fois... Désolé ! Mais on aurait tellement à raconter ! Et puis quoi, le blog s'appelle bien "Rendez-vous en Terre de Feu" ! Alors maintenant qu'on y est et content d'y être et que le pari est tenu, ça vaut bien quelques lignes !

1 commentaire:

  1. Waouh ca decoiffe! Profitez bien de vos derniers jours... guos bisous à tous les 4

    RépondreSupprimer